La météo du jour s'annone identique à hier: une couverture nuageuse épaisse qui laisse difficilement passer le soleil et parfois même accompagné de quelques averses bien humides. C'est décidé on ne va pas resté dans le coin aujourd'hui et on va chercher une météo plus clémente. Après consultation de l'oracle météo, nous nous dirigeons vers le bout du bout de l'archipel vers un village appelé Å (à prononcer "O").


Plus nous nous rapprochons de notre objectif de la journée, plus le ciel se dégage et le vent se déchaîne. Les quelques arrêts en cours de route pour immortaliser les paysages sur nos objectifs photographiques sont assez courts pour ne pas nous refroidir. Ce vent est vraiment puissant et digne du mistral du Sud de la France, sauf qu'il est bien plus froid. Le thermomètre affiche plus de 13°C! Mais nous sommes habillés comme si nous devions affronter le blizzard! Le plus surprenant est de croiser des travailleurs au port, en tenue estivale. Pour nous rassurer nous nous disons que eux travaillent et donc produisent de la chaleur, alors que nous nous ne faisons que visiter un village sans vraiment nous dépenser.



A Å, nous nous sentons un peu seuls lors de la visite. On comprend mieux le sens du terme "hors saison" ici. En tout et pour tout nous devions être une dizaine de touristes dans le village. A l'inverse, nous apprécions ce calme citadin, qui doit être très envié l'été lors de la haute saison! Personne ne s'est précipité pour aller gouter l'huile de foie de morrue dans la cabane de "raffinerie". Sur les 4 picco, seuls 2 ont eu l'audace de la gouter à la petite cuillère. A votre avis qui entre Marc, Jeanne, Maxime ou Amélie l'aura gouté?


Petit indice: il n'y a que les amateurs de poissons gras comme les sardines, maquereaux ou autre qui peuvent apprécier la finesse du goût de cette huile. Elle est souvent décrite comme difficile à avaler, même pour les adultes, mais au final le goût est similaire à de la sardine grillée ou à des rilletes de sardines.



On vous rassure nous n'avons pas passé la journée à déguster l'huile de foie de morrue, certains se seraient ennuyés et surtout les 2 autres auraient eu une haleine de poisson difficilement altérable par autre chose. Pas sûr que les conjoints et conjointes auraient apprécié! ;-)

Nous avons découvert un monde nouveau pour nous. C'est vrai qu'aucun d'entre nous n'a le pieds marin. Après la visite de l'écomusée de Å, nous nous accordons tous pour conclure que le métier de marin était et reste un métier ingras et peu valorisant, qui plus est difficile pour la famille. Ici les marins étaient tous des norvégiens du Nord. Ils descendaient aux îles Lofoten en laissant leur femme et enfants dans le Nord durant la saison de pêche. La tradition veut ici qu'on pêche le cabillaud à partir de la fin de l'hiver, de vider les poissons, conserver le foie pour la vitamine D et A et les omégas, et ensuite les attacher par 2 par la queue pour les suspendre sur des rateliers géants:

On pense que l'effet Lofoten quand il y a des poissons qui sèchent c'est un peu ça...


Vue les conditions climatiques qui règnent ici, le seul moyen de conserver le poisson est de le faire sécher naturellement ou de le saler ou de le faire fermenter. Ici ils ont choisi le séchage naturel. Le principe est assez simple, le poisson une fois vidé et décapité est suspendu à l'extérieur par sa queue et sèche plusieurs mois durant. Malheureusement (ou plutôt heureusement) en ce moment c'est la morte saison, il n'y a donc plus de poissons à sécher... donc pas de parfum de poissons. Dommage, c'est apparemment recommandé pour avoir a pleine expérience des îles Lofoten, car en effet, une fois sur place on comprend mieux pourquoi! Il y a des rateliers de séchage de poisson partout, qui rappellent les champs de houblon alsacien.

L'énergie déployée par le vent, nous contraint à nous réfugier dans un bistro traditionnel dans le village de pêcheur à Reines où nous nous délectons autour d'une boisson chaude et de la dernière part de tarte aux pommes.


Après cette journée décoiffante au sens premier du terme, nous rentrons à la maison pour nous mettre au chaud à l'abri du vent. Une fois de plus nous constatons sur la route que les norvégiens ne sont pas de bons communicants. Et oui, nous étions à 2,5km de notre chalet, quand on tombe sur un camion des travaux publics qui déversait du gravier sur la route. Imaginez vous une route digne d'une petite route de montagne, avec un camion sur la route: impossible de le dépasser, à moins de maîtriser l'art des roues levées en voiture. On doit donc faire demi-tour et faire 14km de plus pour rentrer! Ca aurait été trop simple de mettre un panneau de "route barrée à XX m pour travaux".


Que conclure de cette journée... difficile à dire, nous préférons conclure là dessus:

(la Norvège n'est pas faite pour rester assis aux Lofoten)